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Le scandale Euronews
03 des 2016
Au cours des dernières semaines et mois, le sentiment de désillusion et les doutes quant à l'avenir d'euronews se sont multipliés dans la newsroom. Nous avons été historiquement une chaine conçue avec une mission de service public, apportant à des millions de nos téléspectateurs une approche européenne de l'information et les valeurs de l'Union européenne.
Au cours des dernières années, nous avons traversé une série de difficultés partiellement causées par les changements globaux sur l'info, mais aussi par les mauvaises choix dans la gestion de la chaine. Nous vivons aussi une profonde crise du projet européen lui-même. Dans ce contexte, il est important de rappeler qu'euronews a été l'un des projets les plus ambitieux développés en Europe. Outre le programme d'échange d'Erasmus et le programme CERN, qui rassemblent des personnes de toute l'Europe pour étudier, vivre et travailler ensemble, nous restons un outil unique qui contribue profondément à façonner une identité européenne.

Une grande partie des employés qui croient vraiment en ce projet pense que les choix de la direction au cours des dernières années vont dans la mauvaise direction. Au lieu de chercher à trouver des solutions économiques et financières auprès des institutions européennes et des États membres européens, au lieu de travailler à créer une identité européenne plus forte pour notre chaîne de télévision qui définit notre profil unique et notre créneau sur le marché, nous nous tournons vers les investisseurs privés, plaçant notre petite entreprise dans un marché saturé sans moyen d'être compétitif. Nous avons constamment changé le style de la marque et l'"habillage" de la chaîne, comme si passer de "EuroNews" à "euronews" ou avoir un bâtiment flambant neuf était une stratégie éditoriale en elle-même.

En ce qui concerne la gestion financière, notre direction promet de "doubler les recettes publicitaires" dans le projet Next, sans préciser les moyens d'une telle percée. Pendant ce temps, la société a considérablement augmenté les dépenses avec la construction et le déménagement au nouveau quartier général. Ces dépenses ont été suivies par la vente de 53% des actions de la société à un investisseur privé, ce qui porte atteinte à l'indépendance éditoriale d'euronews.

L'arrivée en 2015 d'un nouvel actionnaire majoritaire, un homme d'affaires d'un pays non européen a été l'exemple le plus clair de la mauvaise gestion dont souffre notre société. La manque d'efforts et de choix stratégiques pour sauver le service ukrainien va dans la même direction. Et maintenant, l'idée de sauver notre chaîne avec l'arrivée d'un grand acteur américain sur le marché des news, nous fait sentir que la direction ne sait pas où nous allons. Euronews a été créé après la guerre du Golfe en 1992 pour contrebalancer la vision globale américaine projetée par CNN. Que reste-t-il de cette idée originale si euronews devient une filiale de NBC en Europe?

Un autre exemple de mauvais choix stratégique est la décision de la direction concernant les langues arabe et farsi qui sont aujourd'hui d'une importance cruciale pour l'Europe. En effet, la direction a décidé d'arrêter la diffusion des services arabe et farsi et de les garder sur le site Web seulement. En tant que seule chaîne d'informations 24/7 indépendante en Farsi, euronews persan a connu un grand succès et a attiré un large public en Iran et en Afghanistan. Considérant les problèmes de connexion Internet et la censure systématique d'Internet en Iran, la décision de sortir le service de l'antenne est un vrai suicide, ce qui a même été reconnu par la direction lors de la réunion avec l'équipe persane.

Une approche trompeuse similaire concerne le projet «Next» tel qu'il a été décrit jusqu'à présent, avec beaucoup d'improvisation et d'amateurisme. «Next» a été présenté d'une manière trop floue, donnant l'impression qu'il s'agissait simplement d'une manière de «vendre» le produit à notre nouvel actionnaire majoritaire. Le seul point clair maintenant est l'idée d'avoir l'anglais comme langue première de notre chaîne. Encore une fois: c'est un choix très sensible, étant donné que le marché de l'info ne semble pas avoir besoin d'une autre chaîne en anglais. Par conséquent, nous allons essayer de rivaliser avec les géants dans ce domaine, tout en restant budgétairement parlant, une petite chaine.

Enfin, ces derniers jours, les inquiétudes ont augmenté, à la suite d'informations controversées publiées dans les médias au sujet d'une structure douteuse du Holding qui détient actuellement 53% des actions d'euronews. Soyons clairs: il n'existe aucune preuve d'acte répréhensible pour le moment. Mais pour une chaîne européenne qui cherche traditionnellement à se présenter comme une voix libre, indépendante et pure d'une Europe unie, tandis que l'Europe elle-même essaie de combattre les derniers paradis fiscaux, le simple soupçon d'être lié à ces méthodes reste une menace pour notre crédibilité. En outre, le gaspillage d'argent pour une fête somptueuse quelques mois avant d'annoncer la fermeture du service ukrainien et le lancement d'un plan social (PSE) ne contribue pas non plus à améliorer les attentes des employés.

Néanmoins, l'argument ultime, celui qui contribue le plus à faire disparaître la confiance de la rédaction dans la gestion, est le déclin drastique et continu de notre public. Nous avons subi une baisse du bénéfice net de +1,4 millions d'euros en 2010 à -7,7 millions d'euros en 2015. Une perte de près de 10 millions d'euros en 5 ans. En ce qui concerne le public: 7 millions de téléspectateurs en 2013 et seulement 3,5 millions en 2015. Nous avons perdu la moitié de nos telespectateurs en seulement 3 ans. Étant donné que les employés qui produisent notre télé et contenu web (journalistes et techniciens) n'ont pas changé, jusqu'à preuve du contraire, alors c'est sûrement la stratégie qui ne va pas.

Face à cette situation, une grande partie de la rédaction a demandé aux syndicats de réagir plus fermement face à la direction. Lors de la première assemblée générale (AG) du 10 octobre, une grande partie des gens présents se sont mis d'accord pour organiser un vote de méfiance envers la direction d'euronews. Cependant, après la réunion, nous n'avons vu aucune réponse ni aucune action des syndicats. Lors d'une deuxième et même d'une troisième réunion, ouverte à tous les employés, les participants ont exprimé des demandes similaires . Le 22 novembre, lors de la dernière assemblée générale, le dialogue avec les délégués syndicaux fut sévère. Mais finalement, un vote à main levée a été décidé, une fois de plus, pour voter une motion de censure. Sans le soutien des syndicats. Par conséquent, ce vote est finalement une initiative ascendante du personnel et il ne vient pas des syndicats. Ainsi, il est organisé de manière indépendante.

Le vote se tiendra par voie électronique. Un e-mail personnel a été demandé à un nombre quasi exhaustif des journalistes et personnel du corps technique pour donner à tout le monde la chance de voter (oui / non / je ne sais pas ou ça m'est égal) via une plateforme Internet dédiée (comme cela a été fait par les employés d'i -Télé avant nous).
Les e-mails personnels ont été téléchargés dans une base de données qui enverra à tous les inscrits (personnes ayant fourni leur courriel personnel) un e-mail avec un code personnel et un lien pour accéder au vote. Le traitement des données est automatique et anonyme: aucune des personnes impliquées dans le processus ne sera en mesure de connaître votre identité ou votre position à l'égard de la question qui sera posée pendant le vote de non-confiance: "Faites-vous confiance à la direction d'Euronews dans sa gestion?"
Le courrier personnel est essentiellement une carte électorale. Une fois que vous l'avez, vous faites ce que vous voulez.

Pour l'instant, la seule réponse de la direction à nos préoccupations a été une lettre très menaçante contre FO, le seul syndicat qui a décidé de soutenir logistiquement le mouvement, mais en aucun cas le diriger. Cette attitude montre que la direction préfère nier les critiques qui émanent de la rédaction, et pas des syndicats. Dans sa dernière lettre, M. Des Arcis, chef des ressources humaines, a également décrit notre dernière assemblée générale comme un mouvement «marginal» de «seulement 30 personnes».

Pour conclure, nous pensons qu'il est très important de souligner que personne dans la rédaction et, bien sûr, personne impliqué dans le processus d'organisation du vote n'a un quelconque désir «révolutionnaire». Nous voyons très clairement que la direction nous conduit à une impasse. Et nous voulons juste sauver une entreprise qui est aussi la nôtre: euronews. Ainsi, restez à l'écoute et vérifiez votre boîte aux lettres (y compris le spam) pour d'autres mises à jour. Nous établirons une liste de diffusion très bientôt pour vous tenir au courant des détails du vote.

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Sindicat Terrassa